Suite au contexte politique tendu en France en 1901 pour les congrégations religieuses qui ne sont pas considéré par la loi comme autorisée, l'évêque de Nancy Mgr Turinaz, décide de mettre à l’abri les carmélites. Mère Germaine de Sonis, entreprend alors de chercher refuge à l'étranger. Après de longues recherches elle apprend que le château de Rouvroy à six kilomètres de Virton, en Belgique, est à vendre et grâce à un apport des 90.000 francs offerts par le Vicomte Maurice du Coëtlosquet, habitant Rambervillers dans les Vosges et ancienne connaissance de son père. Elle devient propriétaire du Château. C'est alors que Mère Germaine, prieure et maîtresse des novices, quitte le Carmel de Nancy avec le noviciat pour se réfugier à Rouvroy en Belgique, dans la perspective d’y être rejointe plus tard par les autres sœurs.
"La guerre entreprise contre les congrégations religieuses se continue, en s’aggravant de jour en jour. Les congrégations enseignantes vont disparaître dans quelques semaines : après, ce sera le tour des contemplatives. Le temps semble donc venu de s’occuper de la situation future de votre cher Carmel : grâce à un généreux bienfaiteur, un asile lui est assuré en Belgique près de la frontière française : pour adoucir la douleur de son exil, l’ordinaire du Diocèse sous lequel il sera reçu a spontanément et gracieusement offert de ne pas rompre les liens qui l’attachent à Monseigneur l’Evêque de Nancy, et votre dévoué aumônier accepte de le suivre sur la terre étrangère : ce sont autant de bienfaits dont vous devez remercier la Divine Providence au milieu de ces épreuves...
Voici ce que Monseigneur l’Evêque a décidé pour la conciliation de ces divers intérêts : vous devrez, sans tarder, vous rendre en Belgique avec le noviciat dont vous êtes la maîtresse et qui ne peut être abandonné loin de vous. A Nancy demeureront, provisoirement, les autres membres du Carmel, dont plusieurs sont légalement propriétaires de ces immeubles et qui devront être ici au moment de l’expulsion pour faire valoir leurs droits, dans la mesure du possible...
Dès le jour de votre départ pour la Belgique, ma Révérende Mère, vous serez suppléée à Nancy par la bonne Mère Cécile que Sa Grandeur nomme votre vicaire générale ; je connais assez son excellent esprit religieux pour être assuré qu’elle acceptera ce sacrifice avec soumission, quoiqu’il puisse lui en coûter ; comme je connais assez, d’autre part, la sympathie et l’estime qu’ont pour elle ses sœurs pour être certain qu’elles s’appliqueront à lui rendre son fardeau moins lourd."
Extrait d'une lettre du Chanoine Voinot vicaire général de Nancy, envoyant un groupe de Carmélites de Nancy en exil, à Rouvroy en Belgique, 11 avril 1904.